Centre Culturel de Taïwan à Paris a le plaisir de vous présenter Mitate de Yuhsin Chang à La galerie YR .
Accrochage
Du 14 mai au 25 juillet 2009
Vernissage
Le jeudi 14 mai 2009 à partir de 18h en présence de l'artiste.
La galerie YR présente à partir du 14 mai et jusqu'au 25 juillet 2009 une exposition de Yuhsin Chang organisée dans le cadre d'une carte blanche proposée à Hélène Ratero. Avec le concours du Centre national des arts plastiques, Ministère de la culture et de la communication (aide à la première exposition), et de l'Ecole nationale supérieure d'art de Bourges
Mitate
« S'enracinant dans le sentiment collectif, le paysage à la chinoise a pu se détacher de la chose et du lieu réels, pour voyager allusivement d'un mode d'expression à l'autre, d'un bout à l'autre de l'Asie orientale. Ces transpositions s'appellent en japonais mitate - littéralement instituer par le regard. (…) Les mitate ne sont pas des reproductions, mais des allusions. Ils n'imitent pas des formes ; ils en appellent au champ commun de l'imaginaire. (…) Il s'agit proprement d'un ‘‘voir comme’’ - d'une métaphore, et non point des traits objectifs de l'environnement. »
in Augustin Berque, Cinq propositions pour une théorie du paysage
Champ Vallon, 1994
Jeune artiste taïwanaise, Yuhsin Chang questionne la relation de l'homme à la nature, à la matière, interroge la notion de milieu tout en conférant à ces thèmes une modernité formelle.
L'exposition s'organise principalement autour de deux séries, Vues et Ilôts.
La première série semble se composer de paysages désertiques, privés de toute présence ou trace humaine : terres arides ou suintantes, végétations énigmatiques, reliefs arrondis ou accidentés, au gré des érosions passées.
Regardant, scrutant - ici un détail, ailleurs une forme incongrue - la réalité de ces paysages n'apparaît que peu à peu, au fil du soupçon : ces panoramas sont de peau, ces terres sont de chair, ces ruissellements de sueur.
L'étonnant, cependant, est moins dans l'ingéniosité du dispositif et dans la parfaite illusion formelle qu'il génère que dans le fait qu'étonnement et questionnement perdurent à la levée du mystère.
D'abord, après avoir scruté et dévoilé l'image, le spectateur est amené à interroger son propre regard, à questionner cet espace entre ce qui est donné à regarder et ce que l'œil avait d'emblée décidé d'y voir.
Surtout, dans un va-et-vient troublant, le regard se plaît ensuite à reprendre, à rebours, l'illusion première, à établir à l'envi une toponymie de ces peaux, une géologie de ces corps, à les rétablir dans leur dimension de paysages.
Ainsi, paradoxalement, cette illusion, loin de restreindre et manipuler, affirme ici notre capacité à produire de l'imaginaire, des paysages mentaux.
Les Ilôts sont de petites surfaces d'eau dans lesquelles se reflète un hors champ plus vaste, des ciels.
Cette mise en relation joue sur les oppositions : la petitesse dérisoire d'une goutte d'eau et l'infini du ciel, la précarité de cet espace de projection liquide face à l'espace inaltérable, le paradoxe qui veut que l'infiniment grand, ici le ciel, soit rendu présent et visible par l'infiniment petite goutte d'eau.
S'affirme ainsi une dimension métaphorique qui libère l'imagination et le rêve, entre l'Aleph de Borges et L'eau et les rêves de Bachelard. Dans un miroir d’eau, l'Ailleurs peut ainsi se refléter, se contempler ou se rêver.
Ainsi, une petite surface d'eau devient cet étrange objet, tangible, détaillé, finement ouvragé serait-on presque tenté de dire, troublante orfèvrerie aquatique dont on ne sait si elle reflète ou absorbe le monde alentour. -- Hélène Ratero
Informations pratiques
Galerie Yvan Roubain
18, rue de Jouy, 75004 Paris
Tel: 01 40 29 08 61
Métro : Saint-Paul (1) Parking : Baudoyer ou Pont-Marie
Ouvert du mardi au vendredi de 11h à 19h, et le samedi 11h–20h
www.yrgalerie.com
Biographie de l'artiste
Yuhsin Chang est née en 1980 à Taiwan et vit maintenant à Paris.
Elle a poursuivi ses études artistiques en France à l'école nationale supérieure d'art de Bourges. Son travail, essentiellement photographique, est grandement influencé par la danse contemporaine et plus particulièrement par l'esprit butô. Ses recherches plastiques, notamment ses paysages à la fois dépouillés et organiques cherchent à aborder les limites du corps en relation avec l'espace. Yuhsin Chang inscrit ainsi son œuvre dans la lignée des concepts du fondateur du butô Hijikata.